Depuis une dizaine d’années, le taux de chirurgies bariatriques en France n’a cessé de croître. Un engouement qui s’explique par des résultats très probants sur la perte de poids et la rémission des complications métaboliques. Bien que la chirurgie bariatrique connaisse un succès fulgurant auprès des personnes souffrant d’obésité, une grande difficulté subsiste dans le suivi postopératoire. Quels sont les dangers post chirurgicaux liés à un manque de surveillance ?
La chirurgie bariatrique, très efficace pour la perte de poids
La chirurgie bariatrique consiste à restreindre l’apport et l’absorption des aliments. Elle est réservée exclusivement aux personnes souffrant d’obésité dont l’IMC (Indice de masse corporelle) est supérieur à 40 kg.m². Selon le PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’information) on estime qu’en France, plus de 50 000 chirurgies bariatriques sont réalisées chaque année.
Par ailleurs, plus de 800 études scientifiques ont vu le jour depuis l’avènement de cette pratique chirurgicale amincissante. Ces recherches tentent d’élucider les mécanismes impliqués dans la rémission de certaines complications métaboliques telles que le diabète de type 2, maladie associée à l’obésité.
Mais l’acte chirurgical n’est pas tout. Une des étapes clés de la réussite repose sur le suivi postopératoire des patients. En effet, la chirurgie bariatrique implique des bouleversements à considérer avec la plus grande attention. Qu’il s’agisse de l’aspect diététique, psychologique ou physique, il est indispensable d’assurer une surveillance médicale adaptée au patient, au risque de voir apparaitre des troubles métaboliques, physiques ou psychiques, ou encore une récidive.
Un suivi postopératoire insuffisant
Que se passe-t-il lorsque le suivi médical post-chirurgie bariatrique est négligé ou absent ?
En 2017, une étude sur les patients perdus de vue après chirurgie bariatrique a été réalisée au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux. Cette dernière a permis de mettre en avant un taux de personnes perdues de vue avoisinant les 27.46%.
À savoir ! Dans une autre étude réalisée par l’académie de médecine, seulement 12% du suivi postopératoire est considéré comme satisfaisant, 5 ans après l’opération.
Faute d’un mauvais suivi postopératoire, on dénombre plusieurs cas de déficits nutritionnels qui apparaissent plus de 2 ans après l’opération. Les plus fréquents sont liés à des carences en vitamines B1, B12 ou en vitamine D, mais aussi en vitamines A, E, B6, B9, en calcium, en zinc, en sélénium, en magnésium et en cuivre. En effet, 45% des personnes opérées déclarent être carencées en fer, et 16% d’entre elles ont développé des complications neurologiques. En outre, d’autres personnes opérés souffrent de problèmes digestifs, de calculs biliaires, de reflux gastro œsophagien ou du Dumping syndrome (syndrome qui provient d’une arrivée massive et rapide d’aliments dans l’intestin, ce qui rend difficile leur prise en charge).
Depuis 2009, la HAS (Haute Autorité de Santé) rappelle l’importance d’un suivi médical adapté après une chirurgie bariatrique. Toutefois, les moyens que cela implique représentent un réel problème autant pour l’assurance maladie que pour les assurés, parfois trop jeunes, en précarité ou insuffisamment informés.
Lina R., journaliste scientifique
– Obésite – prise en charge chirurgicale chez l’adulte – Recommandations – recommandation obesite, prise en charge chirurgicale chez ladulte.pdf. HAS. Consulté le 21 février 2018.
– BàT Obésité patient. HAS. Consulté le 23 février 2018.