On connait bien les effets néfastes de l’obésité sur l’équilibre métabolique de l’organisme des enfants mais beaucoup moins son impact sur leurs fonctions cognitives. Une récente étude américaine s’est intéressée aux effets bénéfiques de l’activité physique sur la masse graisseuse et les fonctions cognitives des enfants obèses, en fonction de leur poids avant les tests. Tour d’horizon de leurs découvertes…
Lien entre obésité et fonctions cognitives
L’obésité est une maladie en lien avec les récentes évolutions de notre mode de vie moderne : près de 42 millions d’enfants dans le monde souffraient de surpoids ou d’obésité en 2013 d’après les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Résultant d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques, l’obésité se caractérise par une inflation des réserves stockées dans le tissu graisseux et génère de nombreuses complications sur le plan métabolique mais également sur le plan des fonctions cognitives.
L’une des fonctions cognitives impactées concerne la régulation des conduites, notamment la faculté de supprimer les informations inappropriées et de donner la priorité à celles qui permettent une réponse correcte à une question donnée.
Jusqu’à présent, peu d’études se sont penchées sur l’impact bénéfique d’une activité physique prolongée sur le contrôle cognitif de l’enfant obèse et aucune étude n’a examiné l’influence du poids de base sur cette amélioration.
Une nouvelle étude évalue les effets de l’activité physique
Forts de ce constat, des chercheurs américains de l’université de l’Illinois ont évalué les effets d’une activité physique contrôlée pendant 9 mois sur l’adiposité et les fonctions cognitives d’enfants obèses, en fonction de leur poids initial.
À savoir ! L’adiposité désigne l’accumulation de graisse dans les tissus cellulaires, généralement localisée dans certaines parties du corps.
Afin de mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont inclus dans l’étude une cohorte de 77 enfants obèses âgés de 8 à 9 ans qu’ils ont divisés en 2 groupes :
- Le premier groupe constitué de 43 enfants devait suivre un programme d’activités physiques ;
- Le second groupe constitué de 34 enfants ne devant rien changer à leur niveau d’activité habituel.
Cette cohorte de 77 enfants obèses a été comparée à une cohorte de 77 enfants de poids normal, similaire sur les plans du statut socio-économique, du niveau d’études des parents et des résultats des tests d’intelligence.
Plusieurs paramètres ont été contrôlés :
- La capacité à l’effort : grâce à la mesure de la consommation d’oxygène sur un tapis roulant.
- Le contrôle inhibiteur (capacité d’inhibition des distractions non pertinentes) : grâce au test d’Eriksen Flanker.
À savoir ! Le test d’Eriksen Flanker correspond à une tâche expérimentale d’attention visuelle permettant de mesurer la capacité du participant à faire abstraction de l’information non liée à la tâche lors d’une situation de conflit, soit ce que l’on appelle aussi le contrôle inhibiteur. Dans cette étude sur enfants obèses, les tests conformes et non conformes demandaient de la part des participants de répondre de façon adéquate ou non à une suite de 5 poissons tournés ou non dans la même direction.
- La masse grasse : via la mesure de la graisse viscérale et sous-cutanée abdominale par absorptiométrie radiographique à double énergie.
À savoir ! L’absorptiométrie radiographique à double énergie (également appelée absorptiométrie biphotonique à rayons X (Dual x-ray absorptiometry, DEXA) est une méthode de référence pour l’étude de la composition corporelle et de ses variations en clinique. Elle consiste à balayer l’ensemble du corps avec un faisceau de rayons X à deux niveaux d’énergie. Le rapport des atténuations de ces deux rayonnements est en lien avec la composition de la matière traversée. La DEXA permet ainsi de séparer trois compartiments (masse grasse, masse maigre et contenu minéral osseux) par un traitement informatique ultra précis des mesures physiques.
Les bienfaits de l’activité physique sur la masse grasse et les fonctions cognitives des enfants obèses
Après 9 mois d’étude, les chercheurs ont observé que le tissu adipeux viscéral avait diminué chez les enfants obèses soumis au programme d’activité physique alors qu’il avait augmenté chez les autres enfants, surtout chez les enfants obèses non soumis au programme d’activité physique.
Il est intéressant de relever le parallèle entre les modifications du tissu adipeux viscéral et les modifications des performances cognitives, particulièrement chez les enfants obèses soumis aux exercices physiques. Chez ces derniers, les plus petites réductions de la graisse viscérale étaient en effet liées à des améliorations importantes des performances aux tests cognitifs, et ce indépendamment de la masse grasse totale.
Ces résultats ont permis aux auteurs de l’étude de conclure que la participation à une activité physique quotidienne permettait un impact bénéfique à deux niveaux en réduisant l’adiposité tout en améliorant leurs fonctions cognitives, particulièrement chez les enfants obèses.
Plus aucune raison de ne pas mettre nos bambins au sport !
Déborah L., Docteur en Pharmacie