Mon enfant est-il dodu ou bien obèse ? • Est-ce qu’un enfant obèse est condamné à devenir un adulte obèse ? • Quels conseils pour éviter la surcharge pondérale chez l’enfant ? • Que signifie le « rebond » ? • Quel est le risque « médical » pour un enfant obèse ? • Prise en charge
Mon enfant est-il dodu ou bien obèse ? Quelle est la différence ?
La surveillance du poids et de la taille d’un enfant est importante à suivre.
Un enfant entre 3 et 10 ans qui grandit sans prendre beaucoup de poids est un enfant qui n’a pas de problème de poids. A contrario, un enfant qui grandit et qui prend en même temps du poids est un enfant à risque de devenir obèse.
Pour savoir si votre enfant est dodu ou obèse prenez dans son carnet de santé la courbe correspondant à l’indice de masse corporelle (IMC= poids /taille²).
- Votre enfant est dodu ou en surpoids quand le chiffre obtenu est au-dessus du 97ème percentile (qui correspond à une ligne d’IMC passant par 25 à l’âge de 18 ans).
- Votre enfant est obèse si le chiffre obtenu est au-delà d’une ligne d’IMC passant par 30 à l’age de 18 ans.
Exemple : Sabine a 10 ans, mesure 1.40 m et pèse 45 kg.
IMC = 45 /1.4² = 22.95.
Sabine est dodue et serait obèse si elle pesait 50 kg (IMC=25.51).
Est-ce qu’un enfant obèse est condamné à devenir un adulte obèse ?
Non, loin de là ! La majorité des enfants ronds ne seront pas des adultes obèses.
Cependant, la plupart des études épidémiologiques montrent qu’après l’âge de 8 ans (apparemment un âge charnière) il existe une relation entre le poids d’un enfant et de son poids à l’âge adulte.
Pour un enfant obèse l’objectif initial est de « grandir sans grossir, donc de mincir » sans fixer de poids idéal.
L’enfant devra toujours maintenir certains principes alimentaires couplés à la pratique d’un certain niveau d’activité physique. Certains enfants y arrivent très bien !
Quels conseils pour éviter la surcharge pondérale chez l’enfant ?
Les conseils seront toujours couplés, conseils alimentaires et lutte contre la sédentarité et être renforcés chez des enfants qui ont des parents obèses.
Le bébé, le nourrisson : il faut conseiller l’allaitement maternel et un lait maternisé adapté et de ne pas donner de lait de vache avant l’âge de 1 an. La diversification ne doit pas être trop précoce et les portions doivent être augmentées progressivement.
Si le bébé pleure, évitez de donner systématiquement le sein, le biberon ou plus tard un biscuit : il n’a pas forcément faim.
Pour stimuler sa motricité, laissez votre bébé le plus possible sur son tapis d’éveil et diminuez le temps de transat (qui ne lui permet de faire bouger que sa tête et ses jambes !).
Dans la petite enfance : l’enfant peut consommer les mêmes aliments qu’un adulte mais l’attention doit se porter sur les quantités qui doivent progressivement augmenter selon les besoins.
Il faut lui apprendre à structurer sa journée sur les repas, et il ne faut pas le laisser manger tout au long de la journée. C’est à cet âge qu’il faut lui apprendre à ne pas grignoter entre les repas, car l’alternance entre repas et période de satiété est essentielle pour la régulation nutritionnelle et pour l’établissement de ses capacités à ajuster sa consommation alimentaire. Cet apprentissage ne peut pas se faire chez un enfant qui grignote souvent.
Lors du repas, il faut lui apprendre à manger doucement et à mâcher ses aliments. Les repas ne doivent pas être pris devant la télé car en face du petit écran on ne mesure pas ce que l’on mange.
Évitez de le récompenser systématiquement par des friandises qui devront être banalisées et intégrées dans l’alimentation quotidienne.
Il faut l’encourager à bouger (vélo, roller, trottinette, piscine etc…) en plus des sports qu’il pratique et réglementer le nombre d’heures passées devant la télé et les jeux vidéo (moins de 2 h par jour). Montrez leur l’exemple surtout le week-end !
Le grand enfant et la période péripubertaire : c’est le moment où ils grandissent le plus, il faut donc ajuster les quantités aux besoins de la croissance et corriger les manques et les erreurs à l’extérieur. Mais à cet âge les différences interindividuelles sont parfois très grandes et sont marquées entre les garçons et les filles. Il faut savoir expliquer à une petite fille de 9 ans qu’elle ne peut pas manger comme son frère de 15 ans (en quantité et non en qualité !!!) . A cet âge les garçons auront toujours tendance à développer du muscle en grandissant alors que la jeune fille acquiert naturellement de la masse grasse !
Même s’ils deviennent plus autonomes il ne faut pas démissionner : il faut garder les mêmes conseils diététiques que pour les plus petits ! Éduquer c’est répéter !
La pratique régulière d’un ou plusieurs sports est conseillée. Attention à la télé et à l’ordinateur (en tout pas plus de 3 h par jour).
À l’adolescence : c’est un moment difficile car votre enfant va développer un comportement alimentaire propre de son âge. Ses goûts et son comportement alimentaire vont ressembler à ceux du groupe auquel il appartient. Cette période est nécessaire pour lui-même si elle est conflictuelle. Grignotages, déstructurations des repas, goûts spéciaux, etc : tous ces comportements sont des comportements banals à cet âge, inclus dans un processus de désorganisation global (et normal). Continuez sans démissionner. Restez fidèles aux mêmes principes, même si vous pensez que votre enfant ne vous écoute pas.
Que signifie le « rebond » ?
La corpulence d’un enfant est très bien représentée par l’indice de masse corporelle, l’IMC ( IMC= poids /taille²).
La courbe de l’IMC pendant la croissance évolue avec l’âge en trois phases :
- Avant l’âge de 2 ans, la corpulence augmente et en général à l’âge de 1 an l’enfant est rond et potelé.
- La corpulence décroît après 2 ans et l’enfant semble plutôt maigre (on dit qu’il déboule) jusqu’à l’âge de 6-7 ans.
- Vers l’âge de 8 ans, on assiste à une nouvelle remontée de la courbe ; cette période s’appelle le « rebond » adipositaire.
Si les pédiatres s’intéressent au rebond, c’est qu’en général l’âge du rebond est beaucoup plus précoce chez les enfants obèses (3 ans en moyenne au lieu de 6 ans chez les enfants de poids normal).
Cette observation suggère que des facteurs ont agi très précocement dans la vie de l’enfant. Un étude a montré que des facteurs alimentaires (et notamment la part d’énergie apportée par les protéines entre 0 et 2 ans) peuvent être reliés à la précocité de l’âge du rebond. En effet, une alimentation au tout début de la vie trop riche en protéines et trop pauvre en acides gras essentiels, favoriserait la multiplication des cellules graisseuses et donc une remontée de la courbe d’IMC. De cette observation les pédiatres pensent que la diversification ne doit pas être trop précoce et que les portions doivent être augmentées progressivement.
Quel est le risque « médical » pour un enfant obèse ?
Le risque principal à court terme, à cet âge-là est la mise à l’écart par ses camarades et les moqueries, sources de perte d’estime de soi. L’enfant va se replier sur lui-même et ne va plus participer principalement aux activités collectives (notamment sportives, dommage !). Cette stigmatisation peut vraiment entraver la vie quotidienne de l’enfant obèse.
Les risques « somatiques » (= médicaux) à court terme sont :
- l’hypertension artérielle,
- la hausse des triglycérides (graisses dans le sang), risque de maladies cardiovasculaires,
- un diabète (non insulino-dépendant, rare mais possible),
- les problèmes articulaires (genoux++) qui sont graves pour les activités sportives,
- ostéonécrose de la tête du fémur (chez les grands obèses).
Pour les enfants très obèses, il y a le risque du syndrome d’apnée du sommeil qui peut donner des troubles de la scolarité (mauvais sommeil et somnolence dans la journée qui peuvent empêcher la mémorisation et l’attention).
Il ne faut pas oublier le risque des régimes non adaptés à l’âge et aux besoin de l’enfant. En dehors des carences nutritionnelles (surtout en vitamines et oligo-éléments) ces régimes très restrictifs sont suivis en général d’une reprise pondérale rapide très déstabilisante psychiquement pour l’enfant.
Prise en charge
« Grandir sans grossir c’est mincir ».
Le premier objectif pour l’enfant dodu est la stabilisation pondérale : grandir sans grossir c’est mincir. Dans le meilleur des cas, l’enfant mincit. Il ne s’agit pas de perdre du poids mais de diminuer sa corpulence visualisée par l’IMC ( IMC = poids /taille²). Essayer de mincir, ce n’est pas juste un mauvais moment à passer, c’est modifier définitivement son alimentation et ses loisirs.
Pour un enfant plus gros, obèse, une perte de poids concomitante à l’augmentation de la taille est souhaitable.
Mais dans les deux cas aucun poids idéal n’est annoncé et il faut attendre parfois des mois, voire même des années pour atteindre l’objectif fixé. Parents, ne soyez pas trop pressés !
Des objectifs réalistes seront fixés par le médecin en encadrant les périodes difficiles, fêtes, examens, vacances… Les fêtes et les anniversaires sont par définition des jours exceptionnels où il est permis de manger plus à condition de reprendre les bonnes habitudes dès le lendemain. Pour les vacances, le problème est différent : l’idéal est d’en profiter pour intensifier son activité physique tout en n’augmentant pas trop les apports alimentaires. Se « lâcher » sur une trop longue durée peut faire reprendre des habitudes néfastes. Si l’enfant n’arrive pas à se soumettre aux consignes ou si les résultats ne sont pas satisfaisants, une prise en charge psychologique peut être souhaitable.
Des séjours en centres spécialisés de courte durée pour renforcer la prise en charge ou pour une période plus longue (1 an ou 2 ans) peuvent être programmés.