Le poids des enfants à travers le monde évoquent deux phénomènes diamétralement opposés : la persistance de la famine dans certaines régions du monde et la croissance importante de l’obésité dans les pays les plus développés. Dans les deux situations, les conséquences sur la santé des enfants peuvent être sérieuses. Quelles sont les dernières évolutions du poids chez les enfants et les adolescents dans le monde ? Santé Sur le Net s’est intéressée de près à cette question.
De la famine à l’obésité
La famine sévit toujours dans certaines régions du monde, et touche de plein fouet les plus jeunes. L’insuffisance pondérale qui en résulte est néfaste pour la santé des enfants et des adolescents, et aura des répercussions même à l’âge adulte. Entre autres, elle est associée à un risque plus élevé de maladies infectieuses, potentiellement graves, et de troubles métaboliques en lien avec les carences en vitamines et en minéraux. Chez les filles, elle augmente les risques de complications lors de la grossesse et de l’accouchement.
À l’opposé, le surpoids et l’obésité sont devenus depuis quelques années de véritables fléaux dans les sociétés des pays industrialisés. Les plus jeunes n’échappent pas au phénomène et les effets néfastes sur leur santé peuvent être très importants. L’augmentation du risque cardiovasculaire et le développement de troubles métaboliques chroniques comme le diabète arrivent en tête de liste de ces effets. Sans oublier que les enfants et les adolescents concernés peuvent également rencontrer d’importants problèmes dans leur vie sociale et leur réussite scolaire.
Le poids des enfants et des adolescents dans le monde
Dans ce contexte, une récente étude a analysé les tendances mondiales d’évolution de l’indice de masse corporelle (IMC) chez les enfants et les adolescents et les a comparées avec les valeurs observées chez les adultes. Pour y parvenir, les chercheurs ont compilé les données de 2 416 études, menées entre 1975 et 2016 dans 200 pays à travers le monde, ayant évalué le poids et la taille de 128,9 millions de personnes, dont 31,5 millions âgés de 5 à 19 ans.
Plusieurs catégories ont été considérées en fonction de l’écart par rapport aux valeurs médianes de croissance définies par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) :
- Sous-poids modéré et sévère ;
- Sous-poids léger ;
- Poids de santé ;
- Surpoids ;
- Obésité.
Un IMC presque stable sur les quatre dernières décennies
Entre 1975 et 2016, l’IMC moyen des filles et des garçons a peu fluctué dans les différentes régions du monde. En revanche, l’évolution de l’IMC est devenue récemment plus marquée à travers le monde et pour les deux sexes. L’IMC moyen tend ainsi à augmenter pour les deux sexes dans le Nord-Ouest de l’Europe, les régions anglophones et dans les pays d’Asie et du Pacifique à revenus élevés. Il augmente également significativement pour les garçons dans le Sud-Ouest de l’Europe et pour les filles en Amérique centrale et latine.
Au niveau de l’obésité, sa prévalence mondiale entre 1975 et 2016 a augmenté de 0,7 % chez les filles et de 0,9 % chez les garçons. Elle atteint au moins 20 % des enfants dans plusieurs pays, comme la Polynésie, la Micronésie, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, les Caraïbes et les USA. Ainsi, en 2016, 75 millions de filles présentaient un surpoids modéré à sévère, tandis que 50 millions étaient obèses. Chez les garçons, 117 millions de garçons étaient en surpoids modéré à sévère et 74 millions obèses.
À l’inverse, la prévalence de l’insuffisance pondérale modérée à sévère a diminué entre 1975 et 2016 : de 9,2 à 8,4 % chez les filles et de 14,8 à 12,4 % chez les garçons. Cependant, elle reste très importante dans certains pays du monde, comme l’Inde (22,7 % chez les filles et 30,7 % chez les garçons).
Les deux fléaux pour la santé des jeunes que sont la famine et l’obésité perdurent toujours dans le monde et n’ont malheureusement pas régressé depuis 1975. Dans la plupart des régions du monde, le surpoids et l’obésité ne cessent d’augmenter, et représentent un enjeu capital de santé publique à l’échelle mondiale. Les efforts initiés dans le monde pour lutter contre ces fléaux restent plus que jamais à l’ordre du jour, pour préserver au mieux la santé des futurs adultes.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie