L’obésité, véritable fléau chez les enfants et les adultes des sociétés occidentales, expose à un risque majoré de formes sévères du COVID-19. Mais le poids à lui seul ne permettrait pas de déterminer le risque, d’autres paramètres seraient à prendre en compte, et en particulier l’âge et les troubles métaboliques des patients. A l’occasion de la Journée européenne contre l’obésité ce vendredi 15 mai, Santé sur le Net fait le point.
COVID-19, obésité et âge
Très rapidement après le début de l’épidémie de COVID-19, certaines catégories de personnes se sont révélées à risque accru de développer une forme grave de l’infection, et notamment les personnes atteintes d’obésité. Face à cette situation, les scientifiques ont tenté de mieux comprendre quels étaient les liens entre l’obésité et le développement de la maladie COVID-19. Deux récentes études montrent ainsi que le poids n’est pas le seul critère déterminant dans la gravité de l’infection.
Des chercheurs américains ont ainsi comparé l’influence de l’âge et de l’obésité sur le COVID-19. En effet, les premières études épidémiologiques concluaient que les personnes âgées étaient les plus fragiles face à l’infection. En analysant les dossiers médicaux des patients hospitalisés, les chercheurs se sont aperçus que les sujets jeunes admis en réanimation étaient fréquemment atteints d’obésité.
L’obésité, au-delà de l’âge
Au total, ils ont compilé les données de 256 patients admis en soins intensifs pour examiner la corrélation entre :
- L’âge des patients ;
- Leur IMC (Indice de Masse Corporelle).
Et les résultats ont abouti à une corrélation inverse significative entre l’âge et l’IMC chez les sujets présentant des formes graves de COVID-19. Ainsi, plus un sujet atteint d’une forme sévère de COVID-19 est jeune, plus le risque qu’il soit obèse est élevé. Cette relation est retrouvée chez les hommes comme chez les femmes. L’obésité apparaît donc comme un facteur majeur de risque de forme grave de COVID-19 chez les sujets jeunes, comme chez les sujets moins jeunes.
Parallèlement, des chercheurs allemands ont étudié les relations entre l’obésité, les différentes formes d’adiposité, les troubles métaboliques et la gravité de la maladie COVID-19. En effet, le lien entre les fonctions endocriniennes et métaboliques et la sévérité de l’infection à SARS-CoV-2 reste à démontrer.
Le poids, mais pas seulement…
Dans cette seconde étude, les auteurs tentent de mieux comprendre les mécanismes possibles expliquant la relation entre l’obésité et la sévérité du COVID-19. Ils soulignent l’importance des troubles respiratoires liées à l’obésité, qui pourraient :
- Favoriser une pneumonie suite à un phénomène d’hypoventilation ;
- Entraîner un stress cardiaque induit par l’hypoxie (baisse de taux sanguin d’oxygène).
Mais d’autres facteurs liés à l’obésité pourraient également jouer un rôle dans le pronostic de la maladie COVID-19 chez les sujets obèses :
- L’IMC ;
- Le tour de taille (indicateur des différentes d’adiposité) ;
- La glycémie ;
- La résistance à l’insuline ;
- Des troubles métaboliques.
Ces facteurs pourraient influencer chacun de manière indépendante l’évolution de la maladie, mais concourant tous à la sévérité de l’infection.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Obesity and impaired metabolic health in patients with COVID-19. NATURE. Consulté le 8 mai 2020.