Ayant connu un développement rapide ces dernières années, la chirurgie bariatrique (ou chirurgie de l’obésité) n’est possible que sous certaines conditions. Dès lors, plusieurs établissements hospitaliers français ont développé une technique de pose d’un ballon dans l’estomac pour prendre en charge les personnes non éligibles à la chirurgie. Zoom sur cette alternative innovante : le ballon gastrique.
Obésité et chirurgie bariatrique
La chirurgie bariatrique, également appelée chirurgie de l’obésité, désigne une intervention chirurgicale. Elle ne peut être envisagée que si la personne souffrant d’obésité a échoué dans sa tentative de perdre du poids au moyen d’une prise en charge médicale spécialisée de plusieurs mois (comprenant suivi diététique, activité physique et prise en charge psychologique). La décision d’opérer est d’ailleurs prise de manière collégiale après un travail de réflexion et d’échanges entre différents praticiens (médecin traitant, chirurgien, endocrinologue, nutritionniste, psychologue ou psychiatre).
La chirurgie bariatrique peut faire appel à différentes techniques chirurgicales. Parmi elles, les interventions chirurgicales dites « restrictives » qui limitent la capacité d’ingérer des aliments (anneau gastrique, ablation partielle de l’estomac) ou les interventions mixtes (restriction gastrique + création d’une dérivation du tube digestif (By-pass)).
Dans tous les cas, la chirurgie bariatrique n’est pas anodine et nécessite une bonne préparation physique, psychologique ainsi qu’un bon suivi post-opératoire avec un programme d’éducation diététique et de l’activité physique.
Cette chirurgie n’est cependant possible que sous certaines conditions :
- Présenter un indice de masse corporelle supérieur (IMC) à 40 kg/m², ou supérieur à 35 kg/m² avec une complication associée (par exemple diabète de type 2, hypertension artérielle, syndrome d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil)
- Etre âgé de 18 à 60 ans
- Ne pas présenter de contre-indication d’ordre psychologique
- Ne pas présenter de risque opératoire particulier
À savoir ! Si l’IMC se situe entre 25,0 et 29,9 kg/m², on parle de surpoids. Entre 30,0 et 34,9 kg/m², il s’agit d’obésité modérée. Entre 35,0 et 39,9 kg/m², il s’agit d’obésité sévère. Au dessus de 40 kg/m², on parle d’obésité massive.
Autant dire que beaucoup de personnes souffrant d’obésité ne peuvent pas remplir toutes ces conditions. Dès lors, plusieurs établissements hospitaliers français ont développé une technique de pose d’un ballon dans l’estomac pour prendre en charge les patients non éligibles à la chirurgie.
Le ballon gastrique : une alternative innovante
C’est ainsi que depuis un an, la clinique Pasteur de Toulouse a emboité le pas au CHU de la ville rose en posant des ballons intra-gastriques chez des patients non éligibles à la chirurgie bariatrique pour les aider dans leur démarche globale de perte de poids.
Cette technique innovante consiste à placer dans l’estomac du patient un ballon vide qui sera ensuite rempli de 500 à 700 ml d’eau stérile et restera en place 12 mois (6 mois pour certains ballons). Ce remplissage provoque alors chez le patient une sensation de rassasiement et donc une réduction des quantités alimentaires qu’il ingère.
À savoir ! La pose et le retrait du ballon gastrique se font par endoscopie et sous anesthésie générale.
À la clinique Pasteur, ce dispositif a été placé sur une quinzaine de patients. La plupart étaient des femmes jeunes dont l’indice de masse corporelle se situait entre 27 (surpoids) et 30 (obésité). D’après le Dr Maeva Guillaume, gastro-entérologue, la perte pondérale moyenne observée au bout d’un an était de 22 kg, contre 5 kg avec un régime seul. Des études sur cette technique ont par ailleurs démontré que plus de deux tiers des patients ont stabilisé leur poids ou continuaient de maigrir après 5 ans.
Un nouvel espoir pour les patients
Si ces bons résultats laissent rêveurs, la praticienne avertit cependant que le ballon gastrique n’est pas une solution miracle. Il s’agirait plutôt d’un « starter motivationnel » pouvant aider les personnes souffrant de surpoids important ou d’obésité à reprendre leur vie en main après échec de nombreux régimes. La pose d’un ballon gastrique se fait d’ailleurs après avis de différents professionnels de santé (gastro-entérologue, médecin nutritionniste, diététicienne et psychologue) et nécessite un temps de préparation allant de 3 à 6 mois : « Le ballon fait 50 % du travail, le reste vient des efforts du patient », tient-elle à préciser.
Seule ombre au tableau, son prix. Non prise en charge par l’Assurance Maladie, la pose d’un ballon intra-gastrique coûte en moyenne 3000 €. Force est de constater que ce dispositif innovant a néanmoins de l’avenir vu qu’une personne sur deux est aujourd’hui en surpoids.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Obésité de l’adulte : traitement médicamenteux et chirurgical. ameli.fr. Consulté le 23 mai 2021.