En plus d’être un stimulant pour le système nerveux, le café pourrait aussi prévenir la survenue de l’obésité et du diabète en activant le métabolisme de la graisse brune. De chercheurs de l’université de Nottingham, en Angleterre, ont découvert que la caféine stimule la dégradation des lipides dans le tissu adipeux brun. Retour sur ces travaux publiés dans la revue Scientific Reports.
Graisse brune, graisse blanche : quelles différences ?
Le tissu adipeux brun est retrouvé chez l’homme ou chez les mammifères en hibernation.
Pendant longtemps, on pensait que ce tissu était présent seulement chez l’homme au stade nourrisson, et notamment jusqu’au 28ème jour après la naissance. Cependant, des études ont montré que l’homme adulte peut avoir de la graisse brune. Elle serait répartie notamment au niveau du cou (région supra-claviculaire) et les femmes en posséderaient plus que les hommes.
Le rôle principal de ce tissu est de produire de la chaleur en catabolisant des molécules glucidiques ou lipidiques. C’est donc un tissu qui va aider l’organisme à lutter contre le froid en dégradant des nutriments.
« L’augmentation de l’activité de la graisse brune améliore le contrôle de la glycémie ainsi que le taux de lipides dans le sang et la perte de poids supplémentaire. Cependant, jusqu’à présent, personne n’a trouvé de moyen efficace pour stimuler son activité chez l’homme » commente Michael Symonds, de la faculté de médecine de l’université de Nottingham qui a supervisé ces travaux.
La graisse blanche, ou tissu adipeux banc, est le deuxième type de tissu graisseux qui stocke les lipides. Sa fonction est différente de la graisse brune puisqu’il s’agit ici de stocker les calories en excès sous forme de lipides (essentiellement des triglycérides) et constituer une réserve énergétique que l’individu pourra utiliser en cas de besoin. Les acides gras seront dégradés sous forme d’ATP pour donner de l’énergie à l’organisme.
Pour information, on distingue aussi le tissu adipeux beige qui est localisé au milieu du tissu adipeux blanc.
Structurellement, la graisse brune et la graisse blanche sont quasiment identiques en étant constituées de capillaires sanguins et de cellules graisseuses appelées des adipocytes.
Les adipocytes des deux types de tissus graisseux sont cependant différents. La répartition des gouttelettes de lipides est différente : on retrouve une seule gouttelette lipidique (ou vacuole lipidique) chez les adipocytes blancs tandis qu’elles sont nombreuses et plus fines dans le cytoplasme des adipocytes bruns. Autres différences : les adipocytes bruns contiennent plus de mitochondries et c’est le fer et le cuivre contenu dans ces centrales énergétiques de la cellule qui donnent au tissu brun sa couleur caractéristique.
Contrairement aux adipocytes blancs, les adipocytes de la graisse brune réussissent à libérer de la chaleur sans libérer d’ATP, le carburant des cellules, à partir de l’oxydation des acides gras. Cette particularité est due à la présence de la protéine de découplage nommée thermogénine qui est située sur la membrane interne de la mitochondrie.
Comment le café agit-il sur la graisse brune ?
Pour commencer, l’équipe de chercheurs a réalisé des expériences in vitro sur des adipocytes obtenus à partir de cellules souches humaines et murines. En les soumettant à une dose de caféine de 1mM (compatible avec la prise d’une tasse de café au quotidien), ils ont observé une augmentation de l’abondance de la thermogénine, de la consommation d’oxygène et des marqueurs du métabolisme mitochondrial et lipidique.
À savoir ! La caféine est un alcaloïde végétal ( 1,3,7-triméthylxantine) retrouvé dans le café, le thé et le chocolat.
En analysant l’expression des gènes, les chercheurs ont confirmé que la caféine utilisée à 1 mM régulait positivement la synthèse de la protéine thermogénine, mais également les gènes de régulation de la thermogenèse.
Pour aller plus loin dans ces observations, les chercheurs ont voulu mesurer les effets de la consommation d’une tasse de café standard sur l’activité des adipocytes bruns humains.
Grâce à des techniques d’imagerie thermique, ils ont pu mesurer, chez neuf volontaires en bonne santé, le niveau de production de chaleur de leur tissu adipeux brun.
Sans attendre, ils se sont aperçus que la température corporelle augmentait au niveau du tissu adipeux brun de la région supra-claviculaire après l’ingestion d’une tasse de café contenant 65 mg de caféine (sachet de 1,8 g de café en poudre dilué dans 200 ml d’eau).
En conclusion, ces résultats fournissent de nouvelles preuves montrant que la caféine peut accélérer la dégradation des acides gras et des glucides à des doses compatibles avec la consommation habituelle de café.
Désormais, les chercheurs envisagent d’évaluer la relation dose-effet de la caféine sur l’activité du tissu brun et d’explorer si des effets comparables sont observés dans les adipocytes des personnes diabétiques et/ou obèses.
Julie P. Journaliste scientifique
– Caffeine exposure induces browning features in adipose tissue in vitro and in vivo. Scientific Reports. Nature. Consulté le 12 Juillet 2019.