50 000 chirurgies bariatriques sont réalisées chaque année en France. A cause d’un suivi postopératoire insuffisant, un tiers des patients souffrent de carences en protéines et micronutriments. Une source de complications graves sur le long terme. Quelles sont les recommandations en terme de supplémentation ? Comment encourager les patients à se faire encadrés médicalement sur le long terme ?
Quel type de supplémentation après une chirurgie bariatrique ?
La chirurgie bariatrique consiste à restreindre l’absorption des aliments proposée en cas d’obésité sévère. Deux techniques peuvent être proposées :
- La technique restrictive avec mise en place d’un anneau gastrique ou la gastrectomie longitudinale (sleeve gastrectomie)
- La technique malabsorptive : le bypass où les aliments passent dans l’intestin en court-circuitant une grande partie de l’estomac et du duodénum.
Les carences observées après une chirurgie bariatrique sont de plusieurs natures et liées à :
- La malabsorption des nutriments provoquée par la chirurgie en elle-même ;
- La diminution des apports en nutriments (déséquilibre alimentaire, vomissements, goût prononcé pour les aliments avec un profil nutritionnel faible) ;
- Une mauvaise tolérance à certains aliments comme les protéines.
En 2009, la Haute Autorité de santé (HAS) considérait que le risque de carences nutritionnelles après chirurgie bariatrique concernait surtout la chirurgie malabsorptive. Les patients devaient suivre une supplémentation tout au long de leur vie. Pour ceux ayant bénéficié d’une chirurgie restrictive (anneau gastrique ou sleeve-gastrectomie), la supplémentation dépend essentiellement du profil médical du patient.
Depuis presque 10 ans, les stratégies se fondent sur les recommandations de sociétés savantes américaines. Il est question de prescrire une supplémentation en multivitamines, fer, vitamine B 12, folates, vitamine D et calcium chez tous les patients, indépendamment du type de chirurgie pratiquée. En plus de cette supplémentation, un suivi nutritionnel régulier est nécessaire.
Tous les patients doivent recevoir une supplémentation au long cours après chirurgie malabsorptive, et au moins durant la période d’amaigrissement après une sleeve gastrectomie » précise le Professeur Darmon dans les colonnes du Quotidien du Médecin.
En plus des carences en micronutriments, les nutritionnistes encouragent les patients à maintenir leur apport protéique de 60 grammes par jour. Comme l’apport journalier est souvent de 30 grammes à 40 grammes, la prise de compléments à base de protéines est conseillée. Un déficit en protéine peut provoquer une perte de masse maigre trop importante, une immunité abaissée, un risque augmenté d’infections, une cicatrisation plus difficile et la survenue d’une fragilité osseuse.
Informer et encourager les patients à suivre leur prescription
Deux ans après l’intervention chirurgicale, la moitié des patients ne se rendent plus aux consultations médicales. D’un autre côté, le non-respect de la supplémentation en micronutriments et protéines touche 25 à 30 % des patients.
Pour motiver les patients à continuer leur suivi médical et leur supplémentation, il faut :
- Leur expliquer les conséquences physiques et psychologiques des carences en micronutriments et en protéines (risque d’anémie, complications neurologiques, fragilité osseuse voire ostéoporose, dépression, etc) ;
- Leur faire reprendre le goût de réaliser une activité physique pour lutter contre la perte de masse maigre ;
- Leur mettre à disposition des moyens pour être régulier dans leur suivi médical (système de rappel téléphonique ou d’envoi de SMS, application sur smartphone, etc..) ;
- Développer un partenariat de confiance entre les centres spécialisés et les médecins traitants.
Aujourd’hui, les experts en nutrition et les responsables des instances de santé publique s’inquiètent de ce phénomène. Il faut veiller à améliorer le suivi de ces patients, car aujourd’hui une question cruciale se pose : quel est le devenir à long terme des patients ayant subi une chirurgie bariatrique et ne suivant pas les recommandations nutritionnelles ?
Julie P., Journaliste scientifique