En France, près de 15 % de la population adulte sont considérés comme obèses. Or le surpoids et l’obésité sont à l’origine de multiples complications pour la santé. Dans une récente étude menée sur la souris, des chercheurs français suggèrent que le risque de complications serait fonction de la composition du tissu adipeux, plus que de sa quantité.
Complications de l’obésité et tissu adipeux
L’obésité et le surpoids peuvent provoquer de multiples complications :
- Des complications cardiovasculaires :
- Une hypertension artérielle, une insuffisance cardiaque ou des accidents cardiovasculaires ;
- Une insuffisance veineuse, qui peut entraîner des varices, des phlébites ou des ulcères variqueux ;
- Des troubles respiratoires ;
- Un syndrome d’apnée du sommeil ;
- Une perturbation de la synthèse des hormones sexuelles ;
- Des troubles métaboliques, en particulier sur le plan lipidique et glucidique.
Généralement, le risque de complications est considéré d’autant plus marqué que l’obésité est forte, c’est-à-dire que la quantité de masse grasse (ou de tissu adipeux) est importante.
Un régime gras et sucré altère le métabolisme et induit un stress oxydant
Des chercheurs français viennent pourtant d’apporter un nouvel éclairage sur le risque de complications de l’obésité, en pointant du doigt la composition du tissu adipeux. Leur étude avait pour point de départ plusieurs études observationnelles ayant montré que le métabolisme des sujets obèses est très variable d’un individu à l’autre.
Les chercheurs ont travaillé sur un modèle de souris, en analysant le métabolisme et le tissu adipeux de jeunes souris obèses, qui pouvaient se nourrir à volonté d’aliments gras et sucrés. Une partie des souris de l’étude recevaient en parallèle un complément alimentaire à base d’antioxydants (certaines études ont montré que les antioxydants peuvent augmenter l’espérance de vie des rongeurs obèses).
Les résultats de l’étude ont montré que le régime alimentaire gras et sucré était à l’origine chez les souris obèses de deux troubles métaboliques majeurs :
- Une hyperglycémie (phénomène caractéristique des diabètes sucrés) ;
- Une hypercholestérolémie.
L’altération du tissu adipeux plus déterminante que la quantité de masse grasse
Dans le tissu adipeux, le régime gras et sucré provoquait un stress oxydant important, associé à une accumulation de cholestérol et de dérivés oxydés du cholestérol, mais aussi à un afflux de cellules immunitaires pro-inflammatoires. Au final, par rapport à des souris non obèses, les souris soumises à ce régime avait une espérance de vie réduite de 36 % en moyenne.
Chez les souris obèses, mais recevant un complément d’antioxydants, l’espérance de vie restait en revanche proche de celle des animaux non obèses. Au niveau du tissu adipeux, ces souris complémentées en antioxydants avaient un meilleur métabolisme et un plus faible niveau de stress oxydant.
Alors que la quantité de masse grasse entre les souris obèses, complémentées ou non complémentées, était équivalente, leur risque de complications et leur espérance de vie étaient très différentes. L’amélioration de la composition du tissu adipeux grâce aux antioxydants suffit dans cette étude a augmenté l’espérance de vie. De tels résultats restent désormais à confirmer chez l’homme.
Estelle B., Docteur en Pharmacie