Tandis qu’obésité et surpoids, fléaux de notre siècle, sont connus pour leurs conséquences cardiovasculaires, qu’en est-il de leur rôle dans les cancers ? Une équipe de recherche reprend l’ensemble de la littérature afin de déterminer la relation qui existe entre cancer et obésité ou surpoids.
Excès de poids et cancer, quel lien ?
On assiste depuis plusieurs dizaines d’années à l’augmentation du nombre d’individus en surpoids ou obèses dans la population mondiale. Les données de la littérature décrivent un doublement de l’incidence (nombre de nouveau cas par an) de l’obésité chez les femmes, et un triplement chez les hommes, en 40 ans. Ce constat n’est pas sans incidence, puisque le stockage trop important de graisse entraîne un certain nombre de complications impactant sur l’espérance de vie.
Plusieurs études ont déjà mis en évidence l’existence d’un lien entre le surpoids ou l’obésité et l’apparition d’un cancer. En effet, chez les personnes présentant un excès de poids, on observe un taux plus élevé concernant plusieurs hormones. Ainsi, un surpoids est associé à un risque plus élevé de développer le cancer colorectal, du pancréas, de l’œsophage, du rein, de l’endomètre, du sein, de l’ovaire, du foie, de la prostate, de la vésicule biliaire ou encore les leucémies et les lymphomes, selon l’INCa (Institut national du cancer). De plus, l’excès de poids lorsque l’on est atteint de cancer, augmenterait le risque de mortalité, ainsi que le risque de récidive. Cependant, les résultats des différentes études ou méta-analyses sur le sujet ne coïncident pas forcement voire se contredisent.
À savoir ! Une méta-analyse repose sur la combinaison des résultats de plusieurs études pour répondre à une question à laquelle les études séparées ont du mal à répondre ou obtiennent des résultats contradictoires.
Dans ce contexte, une équipe de chercheurs, s’est donnée pour objectif d’évaluer l’importance exacte de la relation entre cancer et surpoids sur le risque de développer un cancer et d’en décéder. Pour cela, ils se sont penchés sur les données de 204 méta-analyses déjà publiées. Leur analyse s’est portée sur 36 cancers.
Certains cancers, plus concernés que d’autres
L’analyse des résultats de cette nouvelle étude apporte plusieurs précisions. Notamment, les données montrent que le lien entre cancer et surpoids n’est pas systématique. Plus clairement, ces nouvelles conclusions laissent donc penser qu’il est cohérent d’obtenir des résultats qui divergent selon les types de cancer. Parmi les 36 pathologies cancéreuses étudiées, il n’y en a que 12 qui ont montré un niveau de corrélation suffisamment significatif entre l’IMC (Indice de masse corporelle, soit le poids/taille2) et le développement d’un cancer.
Ainsi, les cancers digestifs semblent être les plus concernés, en particulier l’adénocarcinome œsophagien, les cancers colorectaux chez l’homme, ainsi que les cancers des voies biliaires et pancréatiques.
L’excès de poids est aussi impliqué dans le cancer du sein, celui de l’endomètre (en pré ménopause) et le myélome multiple. Le cancer de l’endomètre augmenterait avec le tour de taille et de hanche.
Selon les auteurs, toute augmentation de l’IMC de 5kg/m2, est associée à une élévation du risque de cancer. Ainsi, ce risque peut aller de 9% pour le cancer masculin du rectum, jusqu’à 56% pour celui des voies biliaires. Entre les deux, pour le cancer du sein chez la femme n’ayant jamais pris d’hormones de substitution lors de la ménopause, le risque grandit de 11%. Enfin, celui du cancer de l’endomètre augmente de 21% pour toute élévation de 0.1% du ratio tour de taille sur tour de hanches.
Prévenir le surpoids et l’ obésité
Les auteurs de l’étude confirment donc l’implication d’un excédent de poids dans la survenue de cancers, ou plus exactement de certains d’entre eux. Ainsi, les tumeurs s’ajoutent à la longue liste des complications provoquées par l’obésité ou le surpoids.
Bonne nouvelle, il existe des moyens susceptibles de prévenir la prise de poids. Ainsi, l’Institut national du cancer recommande de :
- pratiquer une activité physique d’intensité modérée (marche rapide par exemple), tous les jours et au moins pendant 30 minutes ;
- restreindre les activités sédentaires comme la télévision ;
- limiter en quantité et en fréquence de consommation les aliments trop énergétiques, trop riches en graisses et/ou en sucres ;
- manger plus de fruits et légumes ;
- surveiller son poids au moins une fois par mois.
Pour plus de précisions, toutes les recommandations françaises sur la prévention et le traitement du surpoids ou de l’obésité sont disponibles sur le site gouvernemental mangerbouger.
Charline D., Pharmacienne
Sources :
Surpoids et obésité. Institut national du cancer. Le 23 juin 2015.
Adiposity and cancer at major anatomical. umbrella review of the literature. Kyrgiou M et coll. BMJ. 2017.
Obésité. Inserm. Janvier 2014.