La chirurgie bariatrique, ou chirurgie de l’obésité, concerne environ 40 000 personnes par an en France. Elle consiste à diminuer la taille de l’estomac, ou à shunter l’organe, limitant ainsi les apports et l’assimilation de nourriture. Si ses bénéfices sur la perte de poids et l’amélioration des maladies associées (diabète, hypertension…) sont indéniables, cette chirurgie de l’obésité n’est pas dénuée d’effets secondaires.
Des complications fréquentes de la chirurgie de l’obésité
L’après chirurgie bariatrique n’est pas un chemin bordé de roses. 38 % des patients reportent même avoir une mauvaise qualité de vie. Cette opération n’est pas anodine et peut entrainer différentes complications.
Il en existe deux sortes : les complications liées aux opérations chirurgicales elles-mêmes et les carences nutritionnelles.
Les complications de la chirurgie sont essentiellement des occlusions intestinales ou des inflammations de la vésicule biliaire. Elles se traduisent par des douleurs abdominales et des vomissements qui doivent conduire à consulter sans délai.
Des malaises peuvent survenir après les repas, surtout pour l’opération consistant à shunter l’estomac (By-pass gastrique). Qualifiés de « Dumping syndrome», ils sont liés à l’arrivée brutale des aliments dans l’intestin. Une alimentation fragmentée est indispensable, mais ne résout pas toujours totalement le problème.
Les carences nutritionnelles résultent de la pauvreté ou la sélectivité des apports. En effet, après cette chirurgie de l’obésité, les patients ne peuvent ingérer que de faibles quantités de nourriture. Ils sont également susceptibles de ressentir certaines aversions alimentaires, ce qui entraine des repas déséquilibrés. Les personnes souffrent de carence en :
- Fer, pouvant déboucher sur une anémie ;
- Zinc, provoquant des chutes de cheveux ;
- Protéines, à cause des apports insuffisants dans la ration alimentaire. Des compléments nutritionnels peuvent être proposés ;
- En vitamines : B1 (entraînant des troubles neurologiques graves), B12, B9 et D (risque d’ostéoporose).
Pour pallier ces carences, une supplémentation en fer, calcium et vitamines est conseillée. Malheureusement, les suppléments multi-vitaminiques ne sont pas remboursés.
Le suivi médical de la chirurgie de l’obésité
Face à ces complications fréquentes, un suivi est indispensable. Il doit être couplé à l’éducation des patients obèses, et, idéalement, à un accompagnement psychologique.
A savoir ! Il existe en France 37 centres multidisciplinaires spécialisés dans l’obésité. Ils ne peuvent malheureusement pas faire face à l’afflux croissant des malades. Les patients doivent alors souvent se tourner vers leur médecin traitant, pas toujours bien informé sur ce suivi particulier de la chirurgie bariatrique.
Quatre consultations de suivi doivent être organisées la première année : à 1,3 ,6 et 12 mois. Des bilans biologiques (prise de sang) sont réalisés à chaque fois. Les maladies associées sont suivies attentivement ; en particulier le diabète, la réduction de poids entrainant la nécessité d’adapter les doses d’insuline pour éviter de dangereuses hypoglycémies.
Les femmes en âge de procréer (82 % des personnes opérées sont des patientes avec un âge moyen de 39 ans) doivent être informées sur les moyens de contraception à leur disposition. Les effets de la chirurgie sur l’absorption de la pilule contraceptive (et donc de son efficacité) sont encore mal connus. Il est conseillé d’attendre au moins un an après l’opération pour mettre en route une grossesse.
L’éducation du patient obèse doit débuter avant la chirurgie, pour une meilleure compréhension et adhésion à ce suivi parfois contraignant.
Isabelle V., journaliste scientifique