L’obésité infantile représente de nos jours un enjeu capital de santé publique à l’échelle mondiale. S’il est communément admis que le surpoids et l’obésité sont en grande partie évitables grâce à des mesures de prévention adéquates, une nouvelle étude approfondit la piste de l’hérédité, en mettant à jour le lien entre le tour de taille de la grand-mère et celui de ses petits-enfants.
Obésité infantile : un problème mondial
L’obésité infantile est une maladie en lien direct avec les récentes évolutions de notre mode de vie moderne. En 2016, plus de 41 millions d’enfants présentaient un problème de surpoids, avec le risque de souffrir plus tôt de diabète et de maladies cardio-vasculaires.
Résultant d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques, l’obésité se caractérise par un IMC (Indice de Masse Corporelle) supérieur à 30 avec une inflation des réserves stockées dans le tissu graisseux. Plusieurs facteurs sont en cause :
- La consommation accrue d’aliments très énergétiques à haute teneur en graisses et en sucres et pauvres en vitamines et minéraux (barres chocolatées, biscuits industriels etc…)
- La diminution de l’exercice physique avec des loisirs de plus en plus sédentaires et un temps prolongé devant les écrans.
D’où les efforts et actions préventives mis en place régulièrement par les pouvoirs publics de nombreux pays afin de faire changer les comportements et mauvaises habitudes alimentaires de leurs populations.
Hormis cette composante environnementale majeure, il existe une composante génétique à l’obésité avec l’existence d’antécédents familiaux et de gènes de prédisposition à cette maladie (dont le gène FTO).
À savoir ! Découvert par des scientifiques britanniques et communément appelé « gène de l’obésité », le gène FTO (pour Fat mass and obesity-associated protein) désigne un gène de forte prédisposition à l’obésité.
Cependant, la plupart des études menées jusqu’à présent se sont limitées à l’examen de données sur deux générations seulement.
Une nouvelle étude parue dans la revue Pediatric Obesity est la première à examiner sur trois générations le lien entre l’obésité abdominale des grands-parents et celle de leurs petits-enfants.
Comment l’obésité se transmet-elle entre générations ?
L’objectif de cette nouvelle étude prospective était de préciser la relation entre le tour de taille des grands-parents et celui de leurs petits-enfants, en fonction de la descendance maternelle et paternelle.
À savoir ! Une étude est dite prospective lorsque l’exposition est mesurée avant la survenue de l’événement étudié (ici avant la survenue de l’obésité).
Pour cela, les chercheurs l’University College de Dublin se sont intéressés aux données de 1094 enfants nés de 1 082 mères faisant partie de la cohorte intergénérationnelle Lifeways initiée en Irlande en 2001. Parmi les enfants participant à l’étude, 585 ont été examinés à l’âge de cinq ans, et 298 à l’âge de neuf ans. Pour 589 enfants dont le tour de taille avait été relevé, les données étaient également disponibles chez 745 de leurs grands-parents.
L’analyse des données a permis d’aboutir aux conclusions suivantes :
- le tour de talle de la grand-mère maternelle prédit celui du petit enfant à l’âge de 5 et 9 ans
- le tour de taille de la mère « prédit » également cette relation grand-mère/petits-enfants.
Aucun autre lien de ce type n’a été observé dans les autres lignées intergénérationnelles. L’étude a donc permis de mettre en évidence un lien solide entre la mesure du tour de taille des grands-mères maternelles et celle du tour de taille de leurs petits-enfants.
Mieux lutter contre l’obésité
Pour les chercheurs, ce lien entre l’obésité de la grand-mère maternelle et celle de ses petits-enfants pourrait s’expliquer de deux façons :
- Par un effet in utero
- Par des facteurs environnementaux, et plus précisément le mode de vie de la famille concernée.
D’où l’importance de mener des actions préventives ciblées au sein des familles où la grand-mère maternelle est atteinte d’obésité, afin de limiter le risque de surpoids chez ses petits-enfants.
Pour le docteur Cecile Kelleher, auteure principale de l’étude, ces résultats pourraient avoir des implications pratiques quant aux actions préventives à mener dans un contexte de lutte mondiale contre le fléau de l’obésité.
Ces résultats posent néanmoins aux chercheurs une nouvelle question de taille : comment la transmission intergénérationnelle d’un risque de maladie non transmissible pourrait-elle être scientifiquement envisageable ?
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Surpoids et obésité de l’enfant. OMS. Consulté le 18 juin 2018.