Les troubles alimentaires et l’obésité peuvent-ils naître d’une mauvaise perception de son propre corps ou d’une méconnaissance du poids corporel ? C’est ce que suggère une récente étude polonaise, qui a mis en évidence une relation entre l’auto-perception du corps et l’insatisfaction corporelle avec des troubles alimentaires majeurs. Résultats.
Troubles alimentaires, obésité et perception de son propre corps
Certains troubles graves de l’alimentation, comme l’anorexie mentale ou l’hyperphagie boulimique, sont en lien étroit avec l’insatisfaction corporelle et une mauvaise perception de son propre corps. Dans l’acceptation générale, on imagine facilement que contrôler trop souvent son poids peut conduire à une dérive de l’alimentation. Mais l’inverse pourrait également contribuer à provoquer des troubles alimentaires, comme l’indique une récente étude polonaise.
Dans cette étude, des chercheurs ont étudié les données de 744 personnes, d’âge moyen 36 ans. Au départ de l’étude, cette cohorte de personnes se répartissait de la manière suivante, selon leur corpulence :
- 21 personnes avaient un Indice de Masse Corporelle (IMC) faible ;
- 326 avaient un IMC normal (compris entre 19 et 25) ;
- 221 présentaient un surpoids ;
- 176 étaient en situation d’obésité.
Les personnes en surpoids ou obèses pensent souvent avoir un poids normal
Tous les participants à cette étude ont répondu à différentes questions dans le but d’évaluer la perception de leur propre corps et la connaissance de leur poids par rapport aux valeurs normales. Premier constat des chercheurs, plus de 60 % des participants sont capables d’évaluer correctement leur poids corporel. Mais beaucoup de participants se sont révélés incapables d’évaluer leur poids ou leur taille, le plus souvent en sous-estimant ces paramètres. Plus précisément, près de la moitié des personnes en surpoids considèrent avoir un poids normal, un chiffre qui s’élève à près de 42 % au sein des participants obèses.
Ces données révèlent que les personnes en surpoids ou obèses ne se rendent que rarement compte de leur propre corpulence, alors même qu’elles sont capables d’identifier le surpoids chez les autres. Cette mauvaise perception de son propre corps peut conditionner :
- Le développement de troubles alimentaires ;
- La non prise en charge du surpoids et de l’obésité.
Le poids pour déclencher une prise en charge adaptée
Cet écart entre la réalité de la situation corporelle et la perception de son propre corps a été plus fréquemment observé chez les hommes que chez les femmes dans cette étude. L’insatisfaction corporelle serait ainsi plus impactante au sein de la population féminine, sans doute en lien avec les critères de beauté idéaux véhiculés au sein de la société moderne. Les hommes quant à eux seraient en moyenne moins attachés à leur image et donc à leur corpulence.
Ne pas connaître son poids corporel, ne pas se rendre compte de sa corpulence seraient de véritables freins au diagnostic et à la prise en charge de l’obésité et des troubles alimentaires sous-jacents. Le contrôle régulier du poids corporel, utilisé comme un outil de surveillance et de suivi de la corpulence, et non comme un facteur de dévalorisation, pourrait constituer l’un des premiers éléments déclencheurs de la prise de conscience du surpoids et de l’obésité. Aider le patient à prendre conscience de sa corpulence au travers du contrôle de son poids pourrait être l’une des garanties de réussite de la prise en charge des troubles alimentaires et de l’obésité.
Estelle B., Docteur en Pharmacie