Récemment, des chercheurs suédois ont montré que les femmes en surpoids présentaient un risque plus élevé d’avoir un enfant atteint de malformations à la naissance. Ce risque est d’autant plus important que la femme souffre d’obésité sévère. Les malformations concernent le cœur, le squelette, l’appareil urinaire ou encore les lèvres. C’est en équilibrant le poids de la future mère avant et non pendant la grossesse que l’on diminue ce risque de malformations.
Quand parle-t-on de surpoids et d’obésité ?
Le surpoids et l’obésité sont des pathologies en augmentation constante.
Elles ont une définition médicale précise : on considère que l’individu est dans un poids d’équilibre, qui lui permet d’être en bonne santé, si son Indice de Masse Corporelle (IMC) se situe entre 18 et 25 kg/m2.
Le surpoids est plus ou moins sévère :
- Surpoids : IMC entre 25 et 30 kg/m2
- Obésité stade I : IMC entre 30 et 35 kg/m2
- Obésité stade II : IMC entre 35 et 40 kg/m2
- Obésité stade III : IMC > 40 kg/m2
Tout surpoids entraîne des problèmes de santé.
Les femmes en surpoids ou obèses ont plus de risques de faire une fausse couche ou un accouchement prématuré, ou que le fœtus décède pendant la grossesse. Dans ce dernier cas, on parle de « mort fœtale in utero ».
Le fœtus peut être atteint de malformations :
- Cœur (1,6%)
- Organes génitaux (0,5%)
- Lèvres (0,4%), notamment des anomalies des fentes orofaciales (0,1 %). Ce sont des malformations congénitales touchant les lèvres et le palais osseux et qui nécessitent souvent un traitement chirurgical.
- Système urinaire (0,3%)
- Yeux (0,2%)
- Le système nerveux (0,1%)
- Cordon ombilical, avec pour conséquence une altération des échanges entre la mère et l’enfant.
De plus, ces complications se détectent plus difficilement à l’échographie, d’autant plus que l’IMC de la mère est élevé.
La proportion de bébés atteints de malformations augmente proportionnellement au degré d’obésité de la mère. Elle est de :
- 3,4% chez les femmes dont l’IMC est qualifié de « normal » (entre 18 et 25 kg/m2)
- 3,5% chez les femmes en surpoids
- 3,8% en cas d’obésité de stade I
- 4,2% en cas d’obésité de stade II
- 4,7% en cas d’obésité de stade III
Cette augmentation du risque de malformation quand le poids de la mère est trop important est retrouvé pour toutes les types d’anomalies. Pour les malformations cardiaques, les femmes souffrant d’obésité de stade III ont un sur-risque d’avoir un enfant malade évalué à 1,88 par les statisticiens, ce qui signifie 1,88 fois plus de « chance » que le bébé soit mal-formé au niveau du cœur. C’est presque deux fois plus que pour une femme de poids normal !
Ces risques sont-ils dus au diabète?
Dans une grande étude suédoise, des chercheurs se sont demandés si ces complications retrouvées chez les femmes en surpoids étaient liées au diabète. Le diabète se défini par un taux de sucre trop élevé dans le sang. On parle d’« hyperglycémie ». Cette anomalie est parfois héréditaire (diabète de type 1), mais le plus souvent elle est liée au mode de vie.
Un taux de sucre trop élevé dans le sang est mauvais pour l’organisme et dangereux pour les organes. Fréquemment, le diabète est associé à un surpoids car les facteurs de risques en sont les mêmes : alimentation déséquilibrée, trop riche en sucres simples, et trop pauvre en fruits et légumes, sédentarité, tabagisme, hypertension artérielle…
Les médecins savent qu’une femme souffrant de diabète avant la grossesse est plus à risque de complications pendant la grossesse.
Dans certains cas, c’est au cours de la grossesse que le taux de sucre dans le sang devient trop important. On parle de « diabète gestationnel ». Les causes de cette anomalie sont mal connues.
Dans les deux cas, diabète gestationnel ou diabète pré-gestationnel, il existe un sur-risque de malformations chez l’enfant à naître.
Mais une récente étude a montré que les femmes qui étaient à la fois diabétiques et obèses n’avaient pas un risque nettement supérieur aux femmes obèses mais non diabétiques, d’avoir un enfant atteint de malformations. Le risque élevé de complications fœtales en cas de surpoids ne serait pas lié au taux trop élevé de sucre dans le sang, comme on aurait pu le penser. Ce serait d’autres désordres métaboliques secondaires à l’obésité, comme la résistance à l’insuline, l’inflammation des tissus ou une « dyslipidémie » (anomalie des graisses dans le sang), qui seraient responsables des malformations fœtales.
Il est possible que la carence en acide folique soit responsable du risque élevé de malformations chez les enfants nés de femmes en surpoids. L’acide folique, ou vitamine B9, est essentiel à l’organogenèse, c’est-à-dire la formation des organes de l’embryon pendant la grossesse (« embryogenèse »). Même chez des femmes en bonne santé, une carence en cette vitamine peut entraîner un défaut de fermeture du tube neural, malformation grave qui peut être létale. Or les médecins savent que les sujets en surpoids manquent plus souvent d’acide folique.
Recommandations
Il existe donc un risque augmenté de malformations fœtales chez les femmes en surpoids, et ce risque est proportionnel à l’augmentation de l’IMC. Ces malformations peuvent entraîner la mort de l’enfant, ou avoir de graves conséquences pour sa santé.
Comme la plus grande partie des complications surviennent au cours de l’embryogenèse, en tout début de grossesse, il faut inciter les femmes en surpoids ou obèses à se rapprocher d’un IMC normal le plus tôt possible, avant le début de la grossesse.
– Risk of major congenital malformations in relation to maternal overweight and obesity severity: cohort study of 1.2 million singletons BMJ 2017; 357